Le droit à l’erreur

Le droit à l’erreur

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Les femmes murissent plus vite que les hommes. Ce constat quelque peu lapidaire est devenu une vérité communément admise. Le perfectionniste constitue un des traits de caractère les plus répandus chez la gent féminine. Réussir sa carrière, réussir sa vie familiale et comment allier les deux sont une préoccupation constante. La fameuse horloge biologique en est un des exemples les plus palpables. Comment expliquer la pression inimaginable que se mettent des milliards de femmes à travers le monde concernant le mariage et la maternité ? Nous, femmes, sommes les plus dures envers nous-mêmes. Nous nous fixons des modèles et des objectifs inatteignables.

Cette réalité est d’autant plus vrai à l’heure où la lutte pour l’égalité hommes-femmes bat son plein. La conscience d’avoir à faire deux fois plus que nos homologues masculins est solidement présente. L’idée de prouver son mérite et de ne surtout pas décevoir ceux qui nous ont fait confiance nous possèdent, nous conduisant parfois à l’inertie. Combien d’entre nous se sont engagées dans un nouveau parcours avec en tête ce fameux mantra : « je n’ai pas droit à l’erreur ».

Moussa NABATI, docteur en psychologie et psychothérapeute, dans son livre Devenir femme au sein du triangle familial (Éd. Dervy) brosse un portrait réaliste et vivant de ce sujet. Pour lui, «l’esclavage ancien» des femmes a pris aujourd’hui une forme psychologique. La société a tellement mise en avant la guerre des sexes que les femmes ont davantage «besoin de prouver». Elles sont encore prises dans des clichés d’infériorité. Les discriminations ont été tellement fortes qu’elles amènent les femmes à agir comme si elles devaient toujours faire mieux. Plus encore, et de manière paradoxale, la propagande des médias autour des femmes qui réussissent leur carrière ajoute encore plus à cette pression.

Cela est encore plus vrai en Afrique. L’impact que les remarques insidieuses de la famille proche ou éloignée à la naissance d’une fille peuvent avoir ne peut-être quantifié tellement il est grand. Qui n’a jamais été au moins une fois témoin d’une scène où on reprochait de manière plus ou moins directe à une femme de ne faire naître que des filles. Les sous-entendus par rapport à la valeur négligeable de la femme face à l’homme sont légions et cela même dans le monde du travail. De sorte que le jour où nous nous voyons offrir une position que nous avons convoité et pour laquelle nous avons travaillé comme des malades, au lieu de la joie, c’est la pression qui est à son paroxysme.

Et pourtant, nous devons nous défaire de ces stigmates pour pouvoir atteindre notre plein potentiel. Ne dit-on pas qu’il n’y a pas plus grande manière d’apprendre que de se tromper. Pour ce faire, il est nécessaire de comprendre que nous ne pouvons être parfaites en tout. Pour se libérer du perfectionnisme, nous devons prendre conscientes que notre vie comporte plusieurs facettes et apprendre à apprécier ces facettes avec les personnes autour de nous plutôt que de nous faire des reproches à chaque faux pas. Les erreurs font partie intégrante de la vie et les leçons que nous en tirons aussi.

Oser prendre des risques, agir sans peur de se tromper, être audacieuse… En cette journée du 8 mars, nous réclamons pour nous les femmes le droit à l’erreur.

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